La galère du capitalisme

Textes et citations de nature à provoquer la colère et soulever l'indignation.

Imposture du capitalisme

La science et la technique (auxquelles l'économie est évidemment articulée) ne sont que des moyens et seul leur usage social peut être jugé. Ainsi une nouvelle technique de production qui augmente la productivité du travail n'est pas en elle-même porteuse de chômage et donc mauvaise ; elle permet au contraire de diminuer le tremps de travail et donc la peine des hommes ; on peut produire autant en moins d'heures, avec les mêmes travailleurs ; ou encore, elle donne la possibilité de mieux rémunérer les salariés grâce aux gains de productivité. Sa valeur réside donc dans l'usage qu'on en fait.

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Par opposition - et c'est le grand enseignement de Karl Marx, cet oublié des théories économiques officielles jusqu'à la crise récente - l'économie est constituée de pratiques par lesquelles certains humains (les capitalistes) se comportent d'une certaine manière à l'égard d'autres humains (les ouvriers et les salariés en général) en les exploitant, en les soumettant à des cadences infernales, en les licenciant sous prétexte de compétitivité, ou en les opposant les uns aux autres par une culture du résultat ou de nouvelles règles de management dont on sait à quel point elles génèrent désormais une souffrance au travail proprement insupportable. [...]

En fait, moraliser le capitalisme s'avère, en toute rigueur, impossible puisque celui-ci est en lui-même immoral, qu'il se met au service d'une minorité fortunée, instrumentalisant la grande masse des travailleurs, niant leur autonomie. Exiger sa moralisation devrait conduire en réalité à exiger sa suppression, quelle que soit la difficulté de la tâche.

-- Yvon Quiniou, philosophe, Le Monde Diplomatique juillet 2010

Le monde diplo.

Le capitalisme c'est la guerre

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Votre société violente et chaotique porte en elle la guerre comme une nuée dormante porte l'orage. Oui le capitalisme c'est la guerre.

-- Jean Jaurès, Castres 1859 - Paris 1914, homme politique


La rage et la révolte

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Les incendies de la banlieue ne posent pas la question des droits mais de la lutte sociale réelle. Parce que les jeunes chômeurs-à-vie et précaires qui naissent et grandissent dans ces zones de relégation ne sont pas le résultat d'une injustice particulière mais la condition de fonctionnement d'un capitalisme avancé. Vingt ans après la défaite de la première vague de contestation dans les banlieues pauvres, la dislocation sociale a progressé, l'exclusion s'est faite plus radicale et la misère culturelle et politique sans limites. Les jeunes révoltés sont l'encombrant produit de cette dislocation. Dans cet espace sans appartenance dans lequel ils grandissent, certains tentent de s'en construire une au niveau le plus élémentaire qui soit, celui de la bande, de la meute. Nés dans un monde hostile, ils se montrent hostiles à tout le monde.

-- Postface à : Alèssi Dell'Umbria, La rage et la révolte, Ed. L'Échappée 2006 et Ed. Agone 2010, ISBN:978-2-7489-0117-7


Aux armes, aux pavés !

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Citoyens, marchons ! Peuple, aux armes, aux pavés !
[...]
Que le jour reparaisse, que le droit se lève !

-- Victor Hugo, extrait de : Les châtiments, Jersey, novembre 1852


Dignité

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La grève des cheminots suscite, sur internet beaucoup de commentaires haineux. Mais parfois un citoyen sort du lot... Un peu d'espoir pour ceux qui luttent, non pas pour défendre des privilèges, mais tout simplement leur dignité. Voici son commentaire :

N'est-il pas affligeant de voir dans les médias complaisants à l'égard du pouvoir, c'est à dire presque tous, une avalanche de témoignages de moutons qui, non contents d'être livrés aux prédateurs qui le dévorent et de se faire tondre par leurs bergers, ne trouvent rien de mieux que de critiquer ceux qui ont le courage de se défendre. Après s'être fait sucrer leur retraites sans réagir par Fillon il y a quelques années, et bien qu'ils passent leurs temps à pleurnicher sur la baisse, mois après mois, de leur pouvoir d'achat, qu'ils voient l'argent de leurs impôts distribué aux contribuables les plus riches du pays, ces esclaves s'en prennent à ceux qui, au lieu de se laisser plumer comme des pigeons, ont le courage de résister.
Mais où en est donc ce peuple d'avachis prêts à tout accepter pourvu qu'on leur organise une coupe du monde de foot de temps en temps, qu'on leur laisse de quoi s'acheter un 4x4 d'occasion, un écran plasma fabriqué en Chine par des esclaves moins payés qu'eux des fringues "de marque" fabiquées en Inde par des gamins qui bossent 16 heures par jour, et surtout de belles vacances organisées en troupeaux pour aller jouer les riches dans les pays pauvres ?
Pendant ce temps-là leurs parlementaires se paient des retraites de luxe où chaque année de cotisation compte double, leur président s'augmente de 206 %, et leurs enfant étudiants, aussi veules et minables qu'eux, applaudissent quand les CRS chargent ceux qui bloquent leurs facs.
Triste destin pour un peuple qui, le 4 août 1789, avait eu le courage de se débarasser de ceux qui prétendaient ne justifier leurs privilèges que par leur hérédité.

-- Didier Pesteil, Le Salarié du Lot, 2009


Salaires et dividendes

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En février (2011) Jean-Claude Trichet, président de la BCE (Banque Centrale Européenne) déclarait qu'augmenter les salaires est la dernière bêtise en Europe. Au même moment on apprenait que le CAC 40 allait augmenter allait augmenter ses dividendes aux actionnaires de 13%.

-- Antoine Dumini, Fakir septembre-octobre 2011



Légitimité

Sont-elles bien légitimes, au fond, les fortunes accumulées par cette classe d'inspecteurs des finances, Pébereau, Minc, Messier, Naouri , qui ont tout privatisé, tout libéralisé, avant de passer au privé et de ramasser la mise ? Sont-ils bien légitimes, les tas d'or amoncelés par les PDG des sociétés d'autoroute, de télévision, de distribution d'eau, de gaz, d'électricité - qui ne doivent leurs prébendes qu'à leur connivence avec les dirigeants politiques, aux rapports incestueux de cette oligarchie - quand ils ne sont pas, tout simplement, entachés par la corruption ? Sont-ils bien légitimes, les dividendes engrangés par les actionnaires depuis trente ans, passés de 4% à 12% de la masse salariale - tandis qu'on nous répète "crise... déficit... sacrifices..." ? Sont-ils bien légitimes, les empires de ces Martin Bouygues (fils de Francis), Arnaud Lagardère (fils de Jean-Luc), François-Henri Pinault (fils de François), Antoine et Delphine Arnault (fils et fille de Bernard) etc... qui n'ont qu'à naître pour régner ? C'est un travail que de faire monter cette évidence.

-- Fakir, n°53, décembre 2011 - Février 2012 (dossier)


Un radeau de survie

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L'humanité est sur un radeau fragile, un radeau de survie qui aujourd'hui prend l'eau. Les passagers de troisième classe - appelons-les la classe ouvrière - sont dans l'eau jusqu'au cou. Les passagers de seconde classe - les classes moyennes - sont momentanément mieux lotis, l'eau ne leur arrivant qu'aux chevilles. Les passagers de première classe -vous aurez compris qu'il s'agit des plus fortunés-, sont encore au sec dans la partie supérieure du radeau.
Ce sont aussi les seuls à être armés, et par conséquent ils se sont emparés de l'essentiel de la nourriture et des couvertures. Ce faisant ils fragilisent la classe ouvrière chargée de ramer et d'écoper. Les classes moyennes sont pour l'instant mieux traitées, avec ce qu'il faut de nourriture pour les maintenir en survie, mais dans le seul but cinique de remplacer la classe ouvrière si celle-ci venait à péricliter.
Voyons : si les riches et nantis installés dans la partie encore émergée du radeau n'étaitent aveuglés par leur statut de citoyens de classe supérieure, s'ils avaient un brin d'intelligence pratique, ils comprendraient que leur confort et leur sécurité ne pourront être maintenus indéfiniment au détriment des autres classes. Ils trouveraient sensée l'idée de travailler et de coopérer pour maintenir à flot le radeau, en se concentrant sur l'essentiel, le mener à bon port. Bien entendu ils partageraient la nourriture et les couvertures de manière équitable, et ils se relaieraient pour ramer.
Et bien non ! L'élite semble si habituée à donner des ordres, à vivre dans le confort et à traiter les autres comme inférieurs, qu'elle en est incapable de changer. Son idéologie est plus forte que son instinct de survie. Elle continue par conséquent à maintenir dans ce radeau un système global, basé sur le pouvoir, l'avidité et la prédation au détriment des plus faibles. Tandis que les plus pauvres s'épuisent, les classes moyennes - maintenues en survie dans ce seul but - les remplacent, et la classe dirigeante est toujours au sec et bien nourrie.
Lorsque finalement le radeau coule, c'est pour elle le choc. Comment cela a-t-il pu leur arriver, à eux l'élite de la société ? N'avaient-ils pas fait exactement ce que les tenants du néolibéralisme effréné leur avaient appris ? N'avaient-ils pas gagné la compétition de l'accumulation des richesses et de la concentration des pouvoirs ? Comment était-il possible que pauvreté, maladie et misère puissent les menacer à leur tour ? Iront-ils à leurs tombes sans avoir compris ce qui leur arrivait ?

-- Ed Finn, écrivain canadien, 1996


La nature et les causes

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Ce n’est pas de la bienveillance du boucher, du marchand de bière ou du boulanger, que nous attendons notre dîner, mais bien du soin qu’ils apportent à leurs intérêts. Nous ne nous adressons pas à leur humanité, mais à leur égoïsme ; et ce n’est jamais de nos besoins que nous leur parlons, c’est toujours de leur avantage.




-- Adam Smith, Kirkcaldy, Écosse 1723 - 1790 Edimbourg - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations.


La planète ravagée par le capitalisme

Le capitalisme aurait apporté bien-être, progrès, inventions, etc... 1) La culture, la géométrie, les sciences, les mathématiques, l'art existent bien avant le capitalisme (Cro-Magnon n'était pas capitaliste, ni Homère, ni Euclide). 2) Il n'est pas vrai que le bien-être augmente. La planète a été ravagée par le capitalisme, il n'y a aucun indice qui puisse indiquer que les hommes sont plus heureux aujourd'hui. Le seul indice raisonnble en faveur de l'économie technicienne, productiviste et capitaliste, est l'allongement de l'espérance de vie ; oui, on vit plus vieux et plus triste ; et encore, l'allongement de l'espérance de vie a été permis par le social, qui est la négation du capitalisme.

-- Bernard Maris, économiste, Charlie Hebdo, 7 mars 2012.


Un désasre annoncé

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Ils raseront les forêts. Ils videront les mers des thons, des baleines, des sardines. Ils pressureront les roches. Ils feront fondre les pôles. Ils noirciront l'Alaska. Ils réchaufferont l'athmosphère jusqu'à ébulition. Ils nous vendront un air coté en Bourse. Ils affameront les continents. Ils sauveront les banques avec nos retraites. Ils solderont les routes, les îles, les jardins publics au plus offrant. Ils spéculeront sur nos maisons, notre santé, notre éducation. Ils mettront, à force de stress, la moitié des travailleurs sous antidépresseurs et l'autre moitié au chomage. Ils lèveront des impôts sur nos égouts, nos chaussettes, notre haleine, plutôt que de toucher à leurs bénéfices.
Le doute n'est plus permis : qu'on les laisse faire, et tout ça ils le feront.

-- François Ruffin, Fakir septembre-octobre 2011

Fakir.

Le capitalisme détruit l'individu

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L'isolement, la séparation de l'individu et de la communauté sont la condition même du fonctionnement de la machine capitaliste. Le Capital doit impérativement détruire, par la violence directe ou par la contraint insidieuse, toute forme d'appartenance locale, à l'image de ces paysans anglais qu'on obligea par la pratique des enclosures à fuir les campagnes pour aller grossir dans les villes l'armée de réserve du salariat industriel. (p.127)

-- Alèssi Dell'Umbria, La rage et la révolte, Ed. L'Échappée 2006 et Ed. Agone 2010, ISBN:978-2-7489-0117-7



Plus jamais ça !

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Le cauchemar qui hante les nuits de la société industrielle, et les nôtres, évoque irrésistiblement le Prestige (1), ce pétrolier avarié en vue des côtes de Galice. On peut bien tenter de l'exorciser, de le remorquer au large comme fit le gouvernement espagnol : sa cargaison funeste revient toujours et quand le navire maudit finit par se briser et sombrer, c'est pour distiller plus durablement son poison. Notre cauchemar, à nous et à tous ceux qui ne s'accomodent pas d'écoper indéfiniment pour restaurer les apparences, durera aussi longtemps que domineront les voix consentantes de ceux qui supplient à répétition "Plus jamais ça !" et prient pour être débarassés de maux dont ils persistent à vouloir les causes.

-- René Riesel, Du progrès dans la domestication, Ed. Encyclopédie des nuisances, 2003, ISBN:2-910386-20-1


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(1) Le 13 novembre 2002, le pétrolier Prestige essuie une tempête près des côtes de Galice. Une brèche de 50 mètres ne tarde pas à se former sur son flanc droit, et l'équipage est évacué le 14. Pour éviter que le pétrole n'atteigne le littoral, le gouvernement espagnol décide de le remorquer au large. Erreur : le 19, le transport dans les eaux agitées brise le Prestige en deux, qui coule par 3 500 mètres de fond. La marée noire touchera les côtes de Galice, du Portugal, du Pays basque, d'Aquitaine, de Vendée, et du Sud de la Bretagne. Pire : le navire fissuré continue à perdre sa cargaison (il contenait 77 000 tonnes de fioul lourd, or seulement 5 000 à 10 000 tonnes se sont échappées).




Dératiser avant le naufrage !

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Quand le navire doit sombrer, les rats sont les premiers à le quitter.

-- Fiodor Mikhaïlovitch Dostoïevski, Moscou 1821 - St Petersbourg 1881 - Extrait de Les Démons



Les trois règles d'or du capitaliste

1 - Faire travailler les autres
2 - N'être responsable de rien
3 - Partir avec la cagnote si on a fait couler le bateau

Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l'orage.
-- Jean Jaurès, (1859-1914)

        
File: galere.html - Robert L.E. Billon, 2011-10-08 - Last update: 2016-09-11