Nu comme un ver, trempé comme une poule d'eau, Archimède dévale la grande rue de Syracuse en hurlant EUREKA - en dorien, «J'ai trouvé.» Les débordements intempestifs de son bain l'ont propulsé hors de l'étuve. Le grand homme, nul ne l'ignore aujourd'hui, vient de découvrir le fameux principe de l'hydrostatique que des générations d'écoliers ânonneront sur l'air des lampions : tout corps plongé dans un liquide est soumis à une force verticale dirigée vers le haut et égale au poids du fluide déplacé...
Heureux temps où l'on pouvait faire de la physique dans sa baignoire. On imagine la tête des policiers genevois si les quatre cents signataires de la découverte d'une nouvelle particule sortaient nus de la piscine proche du CERN en hurlant : «We've got it !»
Citation extraite de : La Baignoire d'Archimède, Sven Ortoli et Nicolas Witkowski, © Editions du Seuil, 1996
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