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Le calendrier tel que nous le connaissons n'a pas toujours été ce qu'il est aujourd'hui et il continuera probablement d'évoluer au cours des siècles à venir. Avant Jules César L'ancien calendrier romain comptait douze lunaisons de 29 et 30 jours, pour un total de 354 jours. La période de rotation de la Terre autour du Soleil étant d'environ 365 jours, le calendrier avançait de 11 jours par an sur les saisons, décalant d'autant l'équinoxe de printemps par rapport à l'année calendaire. |
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Le calendrier Julien Suétone (Calus Suetonius Tranquilus), historien latin, écrivait en l'an de grâce 96 de l'ère judéo-chrétienne : "César... réforma le calendrier que le collège des pontifes avait laissé se dégrader de façon si désordonnée, avec l'inclusion de jours et de mois selon leur bon plaisir, que les fêtes des moissons et des vendanges ne coïncidaient plus avec les saisons proprement dites" Jules César avait demandé à un astronome grec, Sosigène d'Alexandrie, de remettre de l'ordre dans le calendrier. Celui-ci en repensa radicalement les bases, divisant l'année en onze mois de 30 et de 31 jours, plus un mois, Février, de 28 jours. Ayant connaissance que l'année a, en fait, une durée de 365 jours, plus un quart de jour, il opta pour un mois de Février de 29 jours tous les quatre ans, afin de rattraper ce décalage. En fait la proposition de Sosigène est " bis sextilis ante calendes martia ", c'est à dire " le sixième jour avant les calendes de mars est doublé ". C'est ainsi que l'année où Février comporte 29 jours est dite bissextile. Rien à voir avec le sexe ni avec le textile. Le calendrier Julien (calendrier de Jules César) entra en application au premier jour de Janvier en 45 avant J-C. Comme l'ancien calendrier avait un décalage de 80 jours, l'an 45 avant J-C dura 445 jours et fut appelé "Année du désordre". Dans ce calendrier les mois de 30 et de 31 jours étaient alternés de façon régulière tout au long de l'année. Ceci jusqu'en l'an 8 où le sénat romain dû faire face à une mesquine jalousie et modifia cet ordre afin que le mois d'Auguste (Août) eut autant de jours que celui de Jules César (Juillet). |
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Le calendrier grégorien Le calendrier julien donna d'abord toute satisfaction et Sosigène eut sans doute droit au félicitations du jury. Pourtant, soit par méconnaissance, soit par simplification, il avait approximé la durée de l'année tropique, durée qui sépare deux équinoxes, à 365 jours et un quart, alors qu'elle est en fait de 365,2422 jours. C'est ainsi que ce calendrier prit un retard de 0,0078 jour par an, soit environ trois jours en quatre siècles et qu'en 1582, l'équinoxe de printemps intervint le 11 Mars, alors qu'il avait été fixé au 21 Mars par le concile de Nicée, en 325. Depuis l'avènement de l'ère judéo-chrétienne en Occident, la date de l'équinoxe de printemps a toujours été un sujet de préoccupation majeur pour les papes. En effet il sert de base au calcul de la date de Pâques dont découlent diverses autres dates importantes de la liturgie. Le pape Grégoire XIII créa une commission de réforme calendaire dont l'un des principaux acteurs était Aloysius Lilius, un médecin italien féru d'astronomie. Avisé par ses conseillers, le pape décida d'abord d'une séance de rattrapage accéléré. C'est ainsi que dans la soirée du 4 Octobre 1582 le calendrier fit un bond en avant de dix jours et le lendemain fut le 15 Octobre 1582. Les sonneries de cloches retentirent à travers l'Europe pour annoncer la nouvelle et les gens en furent très perturbés, des émeutes eurent même lieu à Francfort. Ensuite, pour compenser le retard chronique du calendrier sur le temps, seule une année séculaire sur quatre sera bissextile, celles qui sont divisibles par 400 (par exemple 2400, 2800). La mise en application du calendrier grégorien (calendrier de Grégoire) constitue à elle seule une véritable épopée car l'autorité du pape s'était affaiblie dans de nombreux pays. (Voir ci-après Bibliographie). On notera pourtant que deux protestants célèbres, Tycho Brahé et Johannes Kepler, déclarérent cette réforme irréprochable du point de vue scientifique. Kepler alla même juqu'à rappeler que Pâques, objet de furieuses polémiques quant au comput de sa date, était avant tout une fête et non une planète. Adopté vers 1582 - 1584 dans la plupart des pays catholiques, il ne le fut que vers 1700 - 1775 par les pays protestants, en 1752 en Grande Bretagne et ses colonies d'Amérique, 1873 au Japon, 1917 en Russie, 1949 en Chine. De nos jours il est adopté très largement à l'échelle mondiale et les pays de tradition non judéo-chrétienne doivent aussi le connaître s'ils veulent participer à la mondialisation des échanges commerciaux. On peut dire que le calendrier grégorien occupe dans la science de la datation, la place qu'occupe le système métrique dans la science de la mesure. C'est pourquoi la notion d'ère judéo-chrétienne appartient désormais à l'histoire et qu'il est plus juste de faire référence à l'ère commune.
Note sur la mesure du temps Les heures qui s'écoulaient entre le lever et le coucher du soleil étaient au nombre de 12, mais leur durée variait, avec la durée d'ensoleillement, selon les saisons. En général cependant on ne tenait compte que des quatre heures principales : prime (6 h.), tierce (9 h.), sexte (12 h.) et none (15 h.), chacune comprenant les deux heures suivantes. La nuit était divisée en quatre veilles (ce mot indique le tour de garde des sentinelles) de trois heures chacune. C'est probablement de sexte que dérive notre mot "sieste". Etat des lieux et futur du calendrier Le calendrier grégorien comporte encore un certain nombre d'imperfections : - La durée moyenne de l'année est de 365,2425 jours, soit encore un excès de 0,0003 jour par an. Il en résulte un retard de 3 jours en 10 000 ans. - Les divisions de l'année (mois, trimestres, semestres) sont inégales. Il en résulte une gêne pour tous les acteurs de la vie économique. - Les jours de la semaine se décalent chaque année et reprennent la même place selon un cycle de 28 ans. - Le calcul des années avant J-C est aberrant. Les années sont comptées en négatif mais se déroulent cependant dans le sens positif. Il y a donc matière pour que, dans un avenir plus ou moins proche, une commission de réforme tente d'apporter un remède à tout ou partie des maux dont souffre encore notre calendrier. Qui aura la responsabilité de créer cette commision et promulguer une nouvelle réforme calendaire ? Un pape ? Un empereur ? L'ONU ? Le président des Etats-Unis d'Amérique ? On peut qualifier de méthode des approximations successives cette démarche, qui de réforme en réforme, conduit inexorablement à une concordance de plus en rigoureuse entre le calendier et le temps. -- Robert L.E. Billon, Janvier 2004 Note : Ce court texte n'est bien sûr pas une encyclopédie, c'est pourquoi n'ont pas été évoqués les calendriers babylonien, égyptien, hébraïque, mahométan, persan, copte, bouddhiste, maya, aztèque, chinois, holocène, zoroastrien, nuère, lunaire des déesses, ainsi que le calendrier révolutionnaire français, lesquels sont tout aussi dignes d'intérêt que le calendrier grégorien. Bibliographie
Le temps conté - La grande aventure de la mesure du temps
Calendar, Humanity's Epic Struggle to Determine a True and
Accurate Year |
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File: calendrier.html - Robert L.E. Billon, 2004-01-14 - Last update: 2010-11-14 |