La contrepétulance du flatteur

Avec des maîtres tels que Rabelais (La Devinière 1494 - Paris 1553), le contrepet est à l'épreuve du temps. C'est l'imagination perverse du lecteur qui lui donne un sens vulgaire et vaseux. Ainsi, le contrepet est une véritable cure du foie et nombreux sont ceux que la muse habite et qui admirent les routes de la fière Byzance.

La contrepèterie (art du contrepet) est née pendant l'inquisition, chez des auteurs las de subir la botte des élites et qui, par leurs écrits audacieux, auraient pu susciter la botte. Les contrepets servaient alors de cache-texte, comme de pieux voiles dissimulant le bout de la tresse. La contrepèterie, avec son côté uro-mystique et dans laquelle le compère a souvent l'air d'un saint (les saints inspirent les cathos), a conservé un goût délicieux d'anticléricalisme primaire, qui fait que le pape et le fait divin sont source des initiations de jubilés. Il s'agit là d'un plan à vocation gaillarde et pour être Abbé il ne faut pas être papelard ! Le pape, las des feintes sans cesse, oint son recteur avec du baume... mais l'ire est le propre de Rome. A chaque jour son contrepet, tandis que l'évêque rêve d'encaisser la bulle et le pape s'étonne de la divinité des perses. Mesdames, sachant que vous préférez les querelles aux modes, n'hésitez pas à travailler les mots grecs et ne négligez pas le poids de le Chine mais méfiez-vous des boîtes de mines. Et vous, messieurs bedonnants, ne vous acharnez pas sur vos frites car ces frites sont bien belles !.

Exercez-vous à cet art subtil, bon à dérouter une bigote. Une bigote qui aimerait trouver son gars. Malgré l'abondance de recueils en tous genres, n'oubliez pas qu'il ne suffit pas d'avoir les rimes, encore faut-il composer le poême. N'hésitez pas entre messes et fichiers, quand vous sentez le pif glacé, lancez-vous carrément. Rivalisez d'agilité intellectuelle, le perdant qui cire la botte devra exposer comment il est conçu ! (S'il a la parole, il sera en veine). Et pardon à celles qu'un coup de blanc aurait grisées. Il n'y a pas de quoi se tordre les mains devant le sinistre. Vous n'allez pas en grossir, à vous de jouer.

Enfin n'oubliez pas qu'au moment du nouvel an, les voeux s'accolent !

Pannes à Vichy et menthe folle

Parmi les curistes aux verbes en joie (verbes agiles), le prélat, en cure avec une calotte. On craint une reculade encore. Il est trapu et a un gros kyste, un énorme cas de verrue (le cochon !). Malgré quelques restrictions, les curistes ne sont pas privés de tout. Mon médecin m'a autorisé à fréquenter des potes en cure. Une curiste s'est même tapé deux bornes mais des problèmes de mue l'ont fait abandonner la chorale. L'année prochaine, elle ira montrer son dos à Trouville, parmi les baigneuses qui gazouillent.

De quoi se tordre l'humérus

L'infirmière dont les mains sentent la seringue fait une ponction au sein de l'externe. Elle a horreur des gants qui plissent et tient des propos fameux sur un gros dur. Elle me conseille de ne pas rester figé sur le vaccin en évoquant le cas de cuti. Il faut faire attention à l'âge du vaccin. Ce vaccin est-il à base de pus de génisse ?

Le chirurgien a pesé mon lobe et m'a recommandé de ne jamais poser mon dos sur le billard. Le son de votre coeur m'ébranle, dit-il, puis, après m'avoir tenu des propos fumeux sur les valves, il m'a fait remettre deux boîtes de piles pour mon pacemaker.

Quant les pattes sont raides il faut avoir l'échine souple, mais votre pose raidit l'échine. • Le dentiste m'a fait sauter l'émail, c'est courant. • Cette boîte a un aspect pisseux (une boîte à odeur d'épices ?) • Bizarre... vos reins sont cassés et la rate est chétive. • Ce bandage sauveur a calmé le cas de Léon. • Le jus de réglisse fait oublier les peines douloureuses. • Doit-on soigner les sinus par la rose ? • Le myope a passé sa purée au presbyte. • Gare à la panne en fermant le transit. • Crème dermique : beurre de bauxite matin et soir. • Après cette mobilisation de la rate, puis-je avoir une pilule pour soulager ma gêne ?

Chauffeur mou

Moi, le chauffeur du ministère, ils m'ont traité de Vénus de Milo. Sous le prétexte que je baissais les bras. J'étais chauffeur de La Ministre Ecolo ; alors on roulait à vélo ; je pédalais devant ; elle s'asseyait derrière avec le gyrophare. J'avais des coups de pompe à vélo, mais sans EPO, à Paris, on ne dépasse pas les autos. Moi, j'allais à vau-l'eau, je rongeais mon frein (à vélo, c'est dangereux). Un jour, j'ai perdu les pédales, et j'ai perdu mon boulot. Je suis retourné à Landerneau ; et là-bas, moi, le chômeur du Finistère, ils m'ont traité de minus de vélo.

-- Lucas Fournier, France Culture, émission Les Papous dans la tête, séance publique du 16 Juin 2001.

Nain... porte quoi

Le nain marchant qui m'a souri, c'était le Petit Poucet de mon enfance.
Le sein charmant qui m'a nourri, c'était le petit souper de mon enfance.

-- Patrice Minet, France Culture, émission Les Papous dans la tête, 9 Déc. 2001, (rediffusion du contrepet à la demande des auditeurs : P. Minet raconte une histoire de son enfance).
-- image : reçue par mail, auteur inconnu

Uro-mystique (fiction et messe)

Un jour Ali passait : les têtes les plus hautes...(1). En effet, c'est tapissé (2) de rire (fiction du malus ?). • Le meilleur latin de Luther ne pouvait combler la belle morgue d'un Erasme. • Le pope, emballé par de nombreux cultes, s'étonnait de la divinité des Perses. • Le cardinal a visité les chapelles du pays, sans oublier son Bordelais. • Suite aux dernières directives papales, il a fini par encaisser la bulle. • Monsieur le curé distribue des caramels aux messes. Comme les dames patronesses demandaient qu'il les confesse dans l'entresol, les laissa faire. • A la fête de la paroisse elles admiraient l'écaille des moules, charmées par les rossignols du caroubier. • Un peu mystique avec ses ruches, l'apicultrice hérétique exhibe ses alvéoles. • La foi n'est pas en baisse, mais...notre foi a manqué de curés.(3) • Au musée de Grenoble on peut voir un vieux plan de Gap.

(1) Victor Hugo, Le Derviche, Les Orientales.
(2) Pas de permutation, simple réorganisation.
(3) Attribué à Monseigneur Di Falco.

Bienvenue au "Sites de Bologne"

Bien sûr ici ce ne sont pas les Mines de Pompéi, mais l'aubergiste est accueillant et étale ses carpettes sur la route. Il ne perd pas courage devant les amas de patentes. Ici le cuisinier a toujours un canard sur le feu, il est renommé aussi pour son calmar au bollets. "Que vos frites sont belles !... et là... le riz congolais !" Je croyais pouvoir m'offrir un Bocuse avec un euro, mais... la restauratrice en extase devant les rossignols du caroubier a mis son quart au trou du fût et garde ses quiches pour d'autres menus. A moins qu'un mondain bien raté ne permute les quiches et afolle la patronne en ouvrant ses caisses, alors ce sera la tourte de cailles. On apprécie autant ses thés que ses petits festins. Ravi, madame d'avoir reçu vos fèves ! Elle aime le blanc au goulot car l'aller et retour du Mans lui avait desséché la glotte. Il est des femmes qui savent apprécier le goût de blanc. On comprend qu'elle hésite à dévoiler son but devant tant de candeur. Il faut être peu pour bien diner et j'ai le feu dans la narine. En entrée : "Balade autour des sources" (l'éveil dans un cours d'eau). Puis ses darnes coûteuses et son jus qui sent le coing. Enfin ses fameuses tourtes de cailles. C'est en dressant nos parts qu'elle se souille les mains. Elle se tâte le pouls, doit-elle faire des tripes à ses hotes ? "Mon cuisinier a une bête qui n'en finit pas de mitonner". On aura un sursis pour le veau, car le veau a des qualités. Des nouilles encore ? Les nouilles peuvent-elles cuire ? "Coupons les nouilles au sécateur !" Il existe des courges plus ou moins vertes. "Admirez donc l'écaille de ces moules ! Mais peut-on diner avec si maigre part "? Et le vrai philosophe veut diner en pensant. "Oh! Excusez-moi, j'ai laissé tremper ma botte dans votre citerne". Ici la poire a un petit gout de terrine et on s'offrira un marc pas trop doux. Et pour celles qui prisent la fine, offrez-vous une vraie fine sans dépôt.

En plus des auteurs déjà cités, merci à
• Luc Etienne, L'art du contrepet, Ed. Garnier Frères, 1983, ISBN 2-7050-0507-2
• Louis Perceau, La redoute des contrepèteries, Ed. C. Briffaut, 1934, 1989
• Joël Martin, Manuel de contrepet, Ed. Albin Michel, 1986, ISBN 2-7242-3104-X
• Jacques Antel, Le tout de mon cru, Ed. J.J. Pauvert, 1987, ISBN 9782876970236
• Guy Lesoeurs, Le dire d'Hippocrate, Ed. Charles Herissey, 2006, ISBN 9782914417297
• La Comtesse du Canard, Nouvel album de la comtesse, Ed. Stock, 1979, ISBN 2-234-01181-7
• ...et tous les mercredis, L'album de la Comtesse, histoire d'avoir toujours un Canard sur le feu.