Les Oustachis

En juin 1941, plus de cent mille hommes, femmes et enfants serbes furent tués en quelques jours, torturés et massacrés dans leurs maisons, sur les routes, dans les champs, les prisons, les écoles et même au sein de leurs églises orthodoxes. Voici deux témoignages sur ces atrocités. Le premier est la confession d'un de leurs auteurs, l'oustachi Hilmia Berberovitch. Il donna à la police de Belgrade la description suivante du massacre auquel il participa, dans l'église orthodoxe serbe de Glina :
"Dans la ville de Glina, nous avons arrêté et mis en prison de nombreux serbes. Par petits groupes, nous les avons transférés de la prison dans l'église. Notre chef nous munit de haches et de couteaux et ensuite on commença le travail. Quelques-uns furent tués d'un coup au coeur. D'autres furent égorgés et d'autres encore coupés en morceaux à coups de hache. Non seulement l'église fut transformée en boucherie, mais c'était un enfer de cris et de gémissements."

Et voici le deuxième témoignage, celui d'un survivant, Jednak Ljuban. Il nous a fait le récit des heures mortelles qu'il a vécues dans la tragique église de Glina :
"Les Oustachis ont rassemblé quelques centaines de paysans de mon village et de ses environs et nous ont transportés à Topusko. Les Oustachis nous expliquèrent que notre présence dans l'église avait pour but de nous faire assister à un Te Deum » chanté pour la longévité du Poglavnik et celle de l'État indépendant de Croatie. Mais à l'intérieur de l'église, tout semblait être préparé pour la messe. Nous entendîmes un camion s'arrêter devant l'église et un groupe nombreux d'Oustachis ne tarda pas à entrer, armés de haches et de couteaux. Derrière eux, ils fermèrent la porte. Un Oustachi prit alors la parole pour demander aux Serbes s'ils possédaient sur eux leur certificat de conversion à la religion catholique. Les deux seuls qui purent l'exhiber furent immédiatement relâchés. Les Oustachis commencèrent à massacrer notre groupe dans l'église. Les cris de douleur et les sanglots d'effroi retentissaient de toutes part. Je perdis conscience et puis il me sembla soudain que le silence régnait dans l'église et je sentais clignoter la lumière des cierges qui brillaient encore sur l'autel de l'église profanée."
[...]
"À Kladusa, ils emmenèrent des familles serbes tout entières dans les boucheries. Là ils les abattirent comme du bétail et, avant même qu'ils eussent expiré, ils pendirent aux crochets à viande tout d'abord les petits enfants. Les femmes vinrent ensuite et les hommes furent accrochés les derniers. Dans les villages entre Vlasenika et Kladanj, nous découvrîmes des bébés empalés sur des lattes pointues d'un enclos, leurs petits membres tordus de douleur, tout comme des pattes d'insectes piqués sur les épingles. Les rites les plus féroces des tribus cannibales n'ont jamais connu rien de semblable."

Ante Klaritch, Frère franciscain de Tramosnica, écrit M. Hervé Laurière, prononça ces paroles incroyables, au cours d'un sermon, en Juillet 1941 :
"Vous êtes de vieilles femmes et vous devriez vous mettre en jupons, parce que vous n'avez pas encore tué un seul Serbe ! Si vous n'avez pas tous des armes, servez-vous de haches, de faucilles, et, n'importe où vous rencontrerez un Serbe, coupez-lui la gorge."

Quant au Frère Augustino Cievola, du monastère de Saint-François, à Split, à la grande stupéfaction de ses concitoyens, il se promenait dans les rues avec un revolver sur sa bure, invitant le peuple à se livrer au massacre des orthodoxes.

Bientôt nommé préfet oustachi de la Bosnie-Herzégovine, l'abbé Bozidar Bralo ne circulait en voiture qu'une mitraillette entre les mains. "Mort aux Serbes !", tels étaient les conseils qu'il distribuait dans les villages. On l'accuse d'avoir participé, en personne, au massacre de cent quatre-vingts Serbes à Alipasin-Most et d'avoir exécuté, en soutane, avec d'autres oustachis, une danse macabre autour des corps de ses victimes. Ce Bozidar Bralo, était l'un des protecteurs de la fameuse division volante Crna Legija (La Légion noire) dont les crimes, en Bosnie-Herzégovine, furent innombrables. Sept mille personnes furent exterminées, en trois jours, dans l'arrondissement de Sanski-Most.

Une des célébrités du monde catholique oustachi fut Dragutin Kamber, curé de Doboj, en Bosnie centrale. Ses titres autant que son attachement au régime, lui valurent, dès les premiers jours, d'être nommé préfet du district de Doboj. On lui doit l'arrestation, la déportation ou l'exécution de prêtres orthodoxes et de Serbes en général, ainsi que la fermeture de l'église Saints Pierre et Paul. Auteur de nombreux articles dans la presse oustachie et religieuse, il ne cessa d'y défendre le régime qu'il chérissait et l'ordre nouveau de Hitler en Europe. Lorsque commença la résistance au régime de terreur qu'il représentait dans sa région, il s'enfuit à Sarajevo et y occupa un poste très important au Quartier Général oustachi et fut nommé chef de la propagande avec le grade de colonel.

"Le peuple croate", dit Pavelitch à Malaparte, "veut être gouverné avec bonté". Tandis qu'il parlait, poursuit Malaparte, j'observai un panier d'osier, posé sur le bureau, à la droite du Poglavnik. Le couvercle était soulevé, on voyait que le panier était plein de fruits de mer. Ante Pavelitch souleva le couvercle du panier, et me montrant les fruits de mer, cette masse d'huîtres gluante et gélatineuse, il me dit, avec un sourire, son bon sourire las, "C'est un cadeau de mes fidèles Oustachis, ce sont vingt kilos d'yeux humains". (Hervé Laurière) (1).

Pour qui douterait de la chose, rappelons ce qu'écrivait en 1943 le journaliste britannique J.A. Voigt "La politique croate consistait en massacre, déportation ou conversion. Le nombre de ceux qui ont été massacrés s'élève à des centaines de milliers. Les massacres ont été accompagnés par les tortures les plus bestiales. Les Oustachis crevaient les yeux de leurs victimes et les portaient en guirlandes ou dans des sacs, pour les envoyer en souvenir".

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Le frère franciscain Filipovic en soutane et en uniforme oustachi, chef du camp de concentration de Jasenovac. C'est sous ses ordres que les bourreaux ont organisé des concours du meilleur égorgeur. Plus de 200 000 personnes, hommes, femmes et enfants ont trouvé la mort dans ce camp.

(1) Hervé Laurière
Crimes contre l'humanité commis par l'état indépendant de Croatie, Assassins au nom de Dieu, Éditions l'Age d'Homme, Lausanne, 1991.
Massacres de Vrgin-Most, Assassins au nom de Dieu,, Editions l'Age d'Homme, Lausanne, 1991.

La Croatie fasciste

Béatification du criminel nazi, le cardinal croate Alois (Aloyius) Stepinac, le 3 octobre 1998.
Lors de son voyage en Croatie en octobre prochain, Jean Paul II béatifiera, le cardinal fasciste oustachi Alois Stepinac. Un peu d'histoire. Quatre jours après que l'armée hitlérienne a envahi la Yougoslavie, la Croatie proclame le 10 avril 1941, son indépendance(1941-1945). Ante Pavelic, chef du mouvement fasciste oustachi devenait le chef de ce nouvel Etat. Le 16 avril 1941, l'archevêque Alois Stepinac, vicaire de l'Église catholique en Croatie apporta son soutien au dictateur Pavelic. L'Église catholique, l'Allemagne nazie, l'Italie fasciste appuyèrent l'État croate" qui adopta des lois racistes. Le régime fasciste croate mena une politique de purification à faire pâlir les nazis eux-mêmes. Un tiers de la population serbe (orthodoxe) a été déportée, un tiers convertie de force au catholicisme et un tiers exterminée. Le clergé catholique ayant participé à ces crimes contre l'humanité, les relations après guerre entre l'Église et l'État yougoslave s'en sont trouvées profondement affectées. Leur seigneur Alois Stepinac et d'autres criminels de guerre furent condamnés en 1946. En 1952, la Yougoslavie rompit les relations avec le Vatican quand le pape fasciste Pie XII osa nommer cardinal, le criminel archevêque Alois Stepinac. Ce dernier sera le 3 octobre 1998 béatifié par Jean  Paul II.
Fait révélateur, le conflit interethnique qui détruisit la Yougoslavie, s'amplifia quand l'Allemagne (les revanchards allemands) et le Vatican ont reconnu en 1991, l'indépendance de la Croatie !

Sur les crimes de l'État fasciste croate des oustachis (1941-1945), Jacques Merlino écrit dans son livre Les vérités yougoslaves ne sont pas toutes bonnes à dire (2) "L'Église catholique menée par Stepinac accompagne ce mouvement et parfois l'encourage. Il existe de nombreux documents et témoignages sur les cruautés et atrocités commises à cette époque. De quoi remplir des livres et des livres ..."(page 168).
Il ajoute : "Et la complicité de l'Église catholique dans ce génocide est acquise.
Le haut clergé de l'Église catholique croate avait établi la coopération la plus étroite avec les autorités oustachis. A sa tête se trouvait l'archevêque de Zagreb, Mgr Alois Stepinac, qui a salué la création du nouvel État et donné sa bénédiction à Ante Pavelic. La majorité des évêques catholiques (Mgr Saric de Sarajevo, Mgr Bonefacic de Split, Mgr Pusic de Hvar, Mgr Srebrenic de Krk, Mgr Buric de Senj, Mgr Akasamovic de Djakovo, Mgr Garic de Banja Luka, Mgr Mileta de Sibenik) ont activement travaillé à la propagation du régime oustachi et un certain nombre de prêtres et de moines portaient l'uniforme oustachi, tout particulièrement les franciscains de Bosnie qui ne dissimulaient nullement leur participation aux crimes.
... Il a la conviction argumentée par les preuves impressionnantes que le Vatican, après la guerre, a dirigé un réseau d'anciens fascistes croates pour aider à s'évader des milliers de criminels nazis. (pages 171-172).
Ce réseau a permis au dictateur croate Ante Pavelic (ami de Alois Stepinac) de s'échapper (page 174).

Pour sa part Edmond Paris dans son Histoire Secrète des jésuites (3) précise :
"Mgr Stepinac devient membre du Parlement oustachi. Il porte des décorations oustachies, il assiste à toutes les grandes manifestations officielles oustachies au cours desquelles il prononce même des discours"(page 244). Edmond Paris ajoute : "Là, non seulement des prêtres, du haut de la chaire, prêchaient la tuerie à outrance, mais encore certains marchaient à la tête des égorgeurs. On en vit qui cumulèrent leur ministère sacré avec les fonctions officielles de préfets ou de chefs de police oustachis, voire de chefs de ces camps de concentration qui ne cédaient en horreur ni à Dachau, ni à Auschwitz.
A ce palmarès de sang s'inscrivent les noms de l'abbé Bozidar Bralo, du curé Dragutin Kamber, du jésuite Lackovic et de l'abbé Yvan Salitch, sécrétaire de Mgr Stepinac, du prêtre Nicolas Bilogrivic etc... et d'innombrables franciscains dont le plus tristement fameux fut le Frère Miroslav Filipovitch, grand organisateur de massacres, qui fit fonction à la fois de chef et de bourreau dans le camp de concentrationde Jasenovac, le plus affreux de ces enfers terrestres.
Le Frère Filipovitch eut le même sort que Mgr Tiso en Slovaquie : il fut pendu en soutane à la Libération...
La hiérarchie, c'est-à-dire l'épiscopat et son chef de file, Mgr Stepinac, votait au Parlement oustachi les décrets de conversion des orthodoxes au catholicisme, envoyait des missionnaires chez les paysans terrorisés, convertissait sans sourciller des villages entiers, prenait possession des biens de l'Église serbe orthodoxe..."(page 247).

Conclusion provisoire :
Condamné aux travaux forcés après la Libération, Mgr seigneur Stepinac (archevêque de Zagreb) fut seulement, en fait, assigné à résidence dans son village natal. La pénitence était douce, on le voit, mais l'Église a besoin de martyrs. L'archevêque fasciste de Zagreb a donc été placé de son vivant, dans la sainte cohorte, et le pape hitlérien Pie XII s'empressa de l'élever à la dignité de cardinal pour "son apostolat qui brille de l'éclat pur".
Le 10 février 1960, le jésuite Alois Stepinac est décédé dans son village natal de Karlovice où il était astreint à résider. La mort fournit au Vatican l'occasion d'une de ces manifestations spectaculaires où il excelle. Le Saint Siège n'a rien négligé pour donner tout l'éclat possible à cette apothéose. L'Osservatore Romano en tête, toute la presse catholique a consacré maintes colonnes aux éloges dithyrambiques du martyr, à son testament spirituel. Jean XXIII prononça un discours pour la circonstance. La presse catholique annonça l'ouverture prochaine d'un procès, mais canonique celui-là, à l'effet de béatifier cet illustre défunt. Et lors de son voyage en Croatie, Jean Paul II béatifiera le 3 octobre 1998, le cardinal fasciste Alois Stepinac qui défilait, la main levée à l'hitlérienne!
Quant à Ante Pavelic, le dictateur de l'État fasciste croate des oustachis, il se réfugia grâce au Vatican dans un couvent franciscain de Madrid en Espagne franquiste (du dictateur Francisco Franco) jusqu'à sa mort en 1959 (Paris Presse, 31 décembre 1959).

(2) Jacques Merlino, Les vérités yougoslaves ne sont pas toutes bonnes à dire, Albin Michel, 1993,

(3) Edmond Paris
Le Vatican contre l'Europe, Librairie Fischbacher Ecrits libres 1959, 368 p.
L'histoire Secrète des jésuites, Editions I.P.B. (1970). Diffusion Fischbacher, 33 rue de Seine. Paris 6.


File : crim_croat.html - Robert L.E. Billon, 2011-07-26 - Last update : 2011-07-31