Le monde scientifique est perplexe et nous sommes inquiets, il semblerait que notre planète se réchauffe. Le fait n'est pas nouveau. Il y a déjà eu, au cours des ères géologiques, des glaciations et des réchauffements. Sauf que cette fois il y aurait des coupables, lesquels sont activement recherchés. On a pourtant des soupçons, le barbecue du voisin est sous haute surveillance.

Nous avons tous appris que, soumis à l'effet de la chaleur, les corps se dilatent. Or, oh! surprise, il semble que notre planète rétrécit. Un certain nombre d'observations, à la portée de chacun, en apportent la preuve irréfutable.

Nous avons peut-être oublié des détails qui remontent déjà à quelques années mais qui prouvent que certains étaient au courant. Ainsi le BIPM (Bureau International des Poids et Mesures) a cessé de rattacher le mètre étalon (le maître mètre) à la dix-millionième partie du quart du méridien terrestre, tel qu'il avait été mesuré par Méchain et Delambre. En effet, si l'on avait continué, notre mètre serait aujourd'hui beaucoup trop court pour mériter encore le nom de mètre. On en a peu parlé, à l'époque, dans les médias, sans doute pour éviter une panique générale. Il s'agit pourtant d'un aveu. Ce phénomène, jusque là peu apparent à l'oeil nu, devient de plus en plus perceptible.

Les exemples abondent :

Ainsi, lorsque vous rangez votre voiture, (largeur environ 1.70 m), sur un parking de supermarché, (largeur des places de 2.20 m), entre deux autres, avez-vous déjà essayé d'ouvrir les portes ? A moins que d'être d'une sveltesse extrême, (il reste 25 cm de chaque côté), vous n'avez aucune chance d'en sortir par la porte à peine entre-baillée. (D'où l'intérêt d'un break, lequel permet de s'échapper par le hayon arrière). Eh bien oui, ça a rétréci.

Si vous lisez National Geographic ou bien American Scientist, il est des faits que vous n'ignorez plus. Le lac Tchad dont la superficie était de 25 000 km² en 1963 est réduit maintenant à 1 350 km², soit seulement le vingtième de sa superficie de l'époque. La mer d'Aral qui faisait 66 900 km² en 1960 est maintenant réduite à 24 900 km² et l'on peut y voir des bateaux échoués sur le fond par suite de la disparition de l'eau. A ce rythme, dans quelques décenies, la Méditerranée sera réduite à une simple flaque d'eau.

Les moindres objets ou articles d'usage courant, rien n'y échappe :

Les bouteilles d'huile d'olive qui faisaient 100 cl en font maintenant 70, voire 50 !
Certaines tablettes ce chocolat qui faisaient 200 g n'en font plus que 180 !
Les rouleaux d'aluminium ménager qui faisaient 30 cm de large n'en font plus que 29 !
Certains "kilos" de sucre (je ne citerai pas la marque) ne font plus que 800 grammes !
La dernière fois que j'ai voulu acheter un kilo de biscuits, j'ai du me rabattre sur 10 "échantillons" de 100 grammes !
La liste des additifs douteux aux produits alimentaires et les clauses restrictives aux contrats d'assurance sont imprimés en tout petits caractères, plus assez de place !

Le temps aussi a rétrécit, les semaines ne font plus que 35 heures !

Le sous-vêtement a lui aussi subit en moins d'un siècle un rétrécissement que nos grand-mères n'auraient même pas osé imaginer. A tel point que, si rien n'est fait on peut craindre sa disparition à brève échéance.

Le terrain manque pour construire les autoroutes, on les construit maintenant en plein ciel, comme par exemple à Millau. Ou bien encore ici à Monestier de Clermont (38), avec, comme conséquence, un rétrécissement de la perspective sur la montagne des Deux Soeurs (massif du Vercors).

Inévitablement, ce rétrécissement s'accompagne d'un plissement. Avez-vous déjà remarqué dans certaines avenues ou à l'entrée de certains villages, ces boursouflures qui vous cahotent sans ménagement ? Lesquelles, en plus de casser les amortisseurs de votre voiture détruisent peu à peu les disques cartilagineux sur lesquels reposent vos vertèbres.

Avide de grands espaces, cela me rend morose. On peut cependant citer une exception, nos impôts n'ont pas rétréci.

-- Robert L.E. Billon, juillet 2001, septembre 2016

Un stade dans un jardin public. A Grenoble, les espaces verts rétrécissent, le béton avance. Une monstrueuse verrue défigure un parc urbain boisé, un des derniers poumons verts de Grenoble, lequel avait déjà beaucoup souffert lors des funestes jeux olympiques de 1968. (Coût 74 millions d'euros, profit pour les auteurs du forfait non précisé). C'est ici que des hordes sauvages, jusqu'à 28000 (sous)humains, viennent certains soirs pousser des cris de bêtes fauves. La (sous)culture a ses exigences et il faut que le degré zéro de la civilisation puisse s'exprimer.

Une gare dans un cimetière. Singapour est une petite île de 618 km². 1 445 900 habitants vers 1950, 3 253 209 habitants en 2000. On y construit en empiétant sur la mer mais aussi en rétrécissant les cimetières. Cet homme récupère les restes de sa grand-mère car une gare de transit va occuper ces lieux. Il abrite du soleil le sac contenant les ossements de la grand-mère afin que les rayons solaires ne troublent pas le repos de son esprit.

PS: L'original de cette dernière image et un intéressant article sur Singapour ont été publiés dans National Geographic de janvier 2010. Le texte est de Mark Jacobson, les photos de David McLain.

-- Robert L.E. Billon, Mars 2010

Cependant, l'un des rétrécissements parmi les plus remarquables et les plus graves est incontestablement celui du territoire de la Palestine en l'espace d'un siècle. La figure ci-dessus montre l'étendue du désastre.

-- Robert L.E. Billon, Septembre 2010