En dehors du fait que maintenir à grands frais des habitacles avec un personnel restraint
à quelques 350 km du sol ne passionne pas les foules, on peut se poser des questions quant à la cohérence du projet. Le mariage de la technologie soviétique (vaisseau Progress, normes du système métrique international) avec la technologie états-unienne (navette spatiale, unités de mesure ancestrales) ressemble for à celui de la carpe et du lapin. Il en résulta des difficultés qui, pour ne pas être insurmontables, contribuèrent à faire enfler le coût du financement jusqu'au chiffre record de 100 milliards de dollars (1011 $). Un tel chiffre ne dit évidemment rien au vulgum pecus, mais essayez de calculer ce que cela représente pour chaque contribuable. Simplement avec la méthode du doigt mouillé, je subodore que c'est plus que le fiasco du Crédit Lyonnais et la faillite de la banque Ambrosiano réunis.
C'est là qu'intervient le second tour de force des USA, réussir à convaincre, sous prétexte de science et de recherche, l'Europe, le Japon et le Canada de participer financièrement à cette aventure en échange d'un strapontin sur la dite ISS. Pensant accéder ainsi aux moyens de faire de la science sur une une station spatiale qui, pour chacun agissant seul, n'était pas à leur portée, ces pays se lancèrent dans ce partenariat. Les européens ont produit le coûteux laboratoire Colombus et les Japonais le laboratoire Kibo, lui aussi d'un coût considérable. Autant de fonds qui ont été soustraits à la recherche fondamentale. Il ne semble pas que les quelques "bricolages" et germination de graines, effectués à bord, doivent un jour conduire à l'attribution de quelque prix Nobel. De plus, par suite des chocs et vibrations qui agrémentent la vie de tous les jours sur l'ISS, ce lieu est vraiment mal choisi pour faire des expériences en microgravité, une simple capsule en orbite constitue une plateforme beaucoup plus stable. Seule la recherche à caractère médical pourrait finalement s'avérer profitable, les astronautes (mais oui, la Terre est aussi un astre) constituant eux-mêmes, dans ce cas, le sujet d'expérience.
Colombus et Kibo devant être mis en place très prochainement, la recherche proprement dite va enfin pouvoir commencer, avec des espaces de travail raisonnables et des équipements performants, 11 ans (seulement) après le lancement du premier module.
Toutefois, dès 2004, les USA, par la voix de leur président G.W. Bush, ont fait savoir qu'il était opportun est urgent qu'ils retournent sur la lune. C'est une question de prestige car les chinois pourraient bien les devancer et cela ne serait pas bon pour l'image de leader à laquelle les USA sont très attachés et qu'ils ont "vocation" (divine, in God we trust) à maintenir. Pour cela ils souhaitent que toute la recherche conduite sur l'ISS soit désormais orientée prioritairement vers les projets lunaires, puis interplanétaires vers Mars.
C'est ainsi qu'après avoir fait financer une bonne partie de l'opération ISS par leur amis, alliés, partenaires, ils sont prêts à en tirer parti prioritairement pour servir leur propres ambitions. Les "partenaires" réalisant qu'ils se sont quelque peu faits piéger se posent maintenant des questions à propos de la confiance à accorder aux USA dans une collaboration éventuelle sur de nouveaux projets. Il faut savoir qu'un partenariat avec les USA est toujours du type gagnant-gagnant : USA gagnant d'abord - USA gagnant toujours. L'Histoire montre qu'il en a toujours été ainsi, mais les politiques ont la mémoire courte.
-- rleb, Janvier 2008
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Lors d'une audition du sous-comité à l'Espace et à l'Aéronautique de la chambre des représentants le jeudi 24 Avril 2008, le congressman Nick Lampson a rappelé que le vol de l'AMS (Alpha-Magnetic Spectrometer) représentait un engagement de la NASA et que son abandon desservirait la réputation des Etats-Unis. Bill Gersteinmaier, responsable des opérations spatiales à la NASA a confirmé que
le planning des vols de navettes restants ne permettait aucune occasion de faire voler AMS et
qu'une telle exprience,[...], ne pouvait être introduite dans les plans de la station. Rappelons que AMS est le fruit d'une collaboration scientifique de 16 pays et devait ĂȘtre embarqué sur une navette pour rejoindre l'ISS.
-- d'après Radio REF, Juin 2008
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