La décision de construire un barrage voûte sur le Reyran, à 10 km au Nord de Fréjus, a été prise par le Ministère de l'Agriculture le 3 août 1950 (Note : ...et le conseil général). Les travaux ont débuté le 1er avril 1952. La mise en eau a commencé avec les pluies de l'automne 1954 , le préfet du Var présidant la réception provisoire le 9 février 1955.
Si la réception définitive tardait à être prononcée, c'est que le Conseil Général et l'Administration craignaient que des défauts de construction apparaissent lors de la mise en eau totale.
A l'automne 1959, des pluies torrentielles ne cessèrent de tomber sur la région et vers la mi-novembre, alors que le niveau était à environ sept mètres sous la crête, des suintements apparurent sur la rive droite de l'ouvrage. La situation devenant inquiétante, ordre fut donné par l'Administration d'ouvrir la vanne de délestage le 2 décembre 1959 à 18 heures. Vers 21 heures 10 minutes, le barrage explose littéralement, libérant une vague destructrice de 60 mètres de haut dans le lit du Reyran. Elle mettra 21 minutes pour atteindre Fréjus, dévastant tout sur son passage.
Bilan de la catastrophe : 423 morts, 951 immeubles touchés dont 155 entièrement détruits, 1 350 hectares de terres agricoles touchées dont 1 030 hectares détruits totalement.
-- Marcel Foucou - Malpasset, une tragédie déjà entrée dans l'histoire.
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Le Barrage de Malpasset ne faisait l'objet d'aucune surveillance particulière, ni de la part du bureau d'études responsable de sa construction, ni de la part d'aucun organisme public. Ainsi, bien que des mesures de déplacement de la voûte aient été effectuées régulièrement, elles n'ont jamais été dépouillées et sont restées méconnues. Elles mettaient pourtant en évidence des déformations de grande amplitude qui laissaient supposer un comportement anormal du terrain de fondation et présageaient d'une rupture imminente, comme l'a montré plus tard la commission d'enquête ministérielle sur la rupture du barrage.
-- Yann Gunzburger et Nicolas Zornette, Elèves à l'Ecole des Mines de Nancy, Mars 2000.
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Le barrage, commencé en 1952, et achevé en 1954 est une réussite, tant sur le plan technique que sur le plan architectural. Il retient un lac de 4 kilomètres de long sur 2 kilomètres de large. La capacité de retenue de 50 millions de m³ d'eau, dont 25 millions utilisables en fait le plus grand barrage d'irrigation en Europe. Le mur, de type voûte mince, a une hauteur de 66 mètres. Son épaisseur de 6.78 m à la base et 1.50 m à la crête, en fait le barrage le plus mince du monde.
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Vers la mi-novembre, alors que le niveau de l'eau était environ 7 m sous la crête, des suintements apparurent sur la rive droite. Ils s'accentuèrent rapidement au point de devenir de véritables sources au fur et à mesure de l'élévation du niveau qui approchait rapidement du sommet de l'ouvrage. Ces suintements, dûs à la mauvaise qualité de la roche, créent des forces de sous pression. C'était le premier remplissage, la phase la plus critique de la vie d'un barrage. La situation devenant inquiétante, à la suite d'une conférence qui se tint sur les lieux mêmes et à laquelle participèrent les représentants des services du Génie rural et des Ponts et Chaussées, le 2 décembre à 18 heures, ordre fut donné d'ouvrir la vanne de vidange.
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Vers 21H10, le niveau ayant baissé de quelques centimètres, le gardien rentre dans sa maison située à environ 1500 m à l'aval du barrage. Il entend des craquements successifs, un souffle violent ouvre portes et fenêtres, une grande lueur est visible. Les 50 000 tonnes de béton qui constituaient le barrage de Malpasset viennent littéralement d'exploser en un instant.
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A 21H14 le barrage s'est rompu et une vague de 60 mètres de haut se rue à la vitesse de 70 kilomètres à l'heure, en suivant le lit du Reyran. Elle se heurte à une vingtaine de coudes qui ralentissent son élan. Lorsqu'elle arrive à la voie ferrée et à la route nationale, elle a encore 7 mètres de haut et avance à 30 kilomètres à l'heure. Dans ses eaux, des blocs de béton de 100 tonnes, des arbres et déjà, en arrivant à Fréjus, 128 victimes. A 21H35, l'eau atteint le transformateur E.D.F. et plonge Fréjus dans l'obscurité. A 21H40, le flot atteint l'avenue de Verdun et les Arènes de Fréjus et la gare cinq minutes après. A 21H49, l'autorail Marseille Nice est submergé. Une minute après le torrent arrive, inondant la base aéronavale. A 22h15, le tocsin sonne à Fréjus coupé du monde. Au total, selon les estimations, la rupture du barrage de Malpasset aura coûté 30 milliards de francs de l'époque soit environ 45 millions d'Euros.
Des travaux supplémentaires, impliquant délais et coûts accrus, auraient-ils permis d'éviter la catastrophe ? A-t-on péché par hâte ou imprudence ? Ce n'est pas, en tout cas, l'avis de la Cour de cassation, dont l'arrêt conclut en 1967, après maintes procédures, qu'aucune faute, à aucun stade, n'a été commise. La catastrophe de Malpasset est ainsi rangée sous le signe de la fatalité.
-- Citations d'origines diverses
Fatalité ? Ou bien accumulation de négligences et refus de prendre en considération à temps les signes prémonitoires.
-- RLEB
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