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On n'échappe pas à son destin... -- Robert L.E. Billon "rleb", Avril 2008 |
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La méthode douceOn nous brime un peu tous les jours, aujourd'hui un peu plus qu'hier et demain un peu plus qu'aujourd'hui. En procédant par étapes, c'est pas trop douloureux. Sans violence excessive on nous "assouplit" par petites touches pour nous préparer à subir bien plus par la suite. A condition d'être brimé journellement, on shabitue et cela devient une seconde nature. C'est ainsi que les droits de l'homme régressent et que la démocratie s'étiole. Autrefois il fallait un fonctionnaire assermenté pour certifier une infraction, maintenant une machine décide. Demain la machine elle-même deviendra inutile et le simple fait d'exister constituera un délit. La méthode doit être bonne puisque apparemment peu de gens se plaignent et pour la plupart nous nous laissons piétiner docilement. Nous continuons à prendre les sondages pour l'expression réelle de l'opinion, à nous rendre sagement aux urnes, à élire députés et président, exactement comme si l'opinion n'était pas manipulée et que rien n'était truqué... Illustration ci-dessus parue dans Charlie Hebdo du Mercredi 29 mars 2006. (L'assouplissement du citoyen) |
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Alarmante banalisationEn quelques années, l’insécurité est devenue l’un des thèmes-phares du discours politique, tous partis confondus. Il est important que le citoyen se sente en insécurité, ainsi il se laisse conduire plus docilement là où on veut le mener. Mobilisant police et gendarmerie, le plan Vigipirate a été lancé dès 1978 pour lutter contre toute menace de déstabilisation intérieure venue d’une puissance étrangère. Jamais abrogé, réactualisé après les attentats du 11-Septembre, cette fois pour lutter contre le terrorisme, il est devenu Vigipirate renforcé, auquel participe également l’armée. Portée par le climat d’inquiétude, la participation d’entreprises privées à des missions de scurité publique va crescendo : gardiens de parking ou de supermarché, maîtres-chiens, intervenants sur alarme, vigiles… Grâce aux sociétés de surveillance, l’ordre règne sans que la police ait besoin de se montrer. Car, bien que les fonctions de ces agents de prévention et de sécurité (APS) soient avant tout d’ordre "économique", leur banalisation et les pouvoirs de contrôle qu’ils s’arrogent, aux frontières de la légalité, font peser un risque sur les libertés publiques. D’autant plus sérieux que les citoyens semblent s’en accommoder. -- Martin Mongin, Le monde Diplomatique, Janvier 2008
Des drones de surveillance équipés de caméras sont déjà en service en Iraq et en Afghanistan. Mais c'est en 2006, à Los Angeles, qu'ils ont été modifiés à des fins civiles. Le Royaume-Uni est de très loin le premier utilisateur mondial de caméras, avec 4,2 millions d'unités, soit davantage que tous les autres pays européens réunis. Pourtant, rien ne prouve que ce système de surveillance permette de réduire la criminalité. Mais selon certaines études, dont une réalisée pour le compte du gouvernement, il intensifierais la méfiance et nourrirait la peur parmi la population. -- Anna Minton, The Guardian, repris dans Courrier International, 1-7 avril 2010 Comme on le voit, les méthodes staliniennes, épaulées par les moyens qu'offrent les technologies récentes, ont fait des émules. Bien que le Royaume-Uni jouisse d'une avance certaine, la France n'est pas loin derrière et l'on s'y évertue à utiliser le revenu de l'impôt pour pourrir la vie du citoyen, réalisant ainsi la version moderne et globale du panoptique de Jeremy Bentham (philosophe, Londres 1748 - id. 1832). Ainsi la boucle et bouclée, on accroit la peur, on accroit la révolte des citoyens, on accroit le nombre de caméras. Elle est pas belle la vie ? Pour les fournisseurs et installateurs de ce genre d'article bien sûr. |
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Les moyens sont multiplesLe décalage horaire ? Notre horloge interne, appelée noyau suprachiasmatic, évalue l'illumination à partir d'une voie venant de la rétine et envoie l'information relative à la durée du jour à la glande pinéale située à la base du cerveau. En réponse à ce signal la glande pinéale module sa sécrétion de mélatonine, dite aussi hormone du sommeil... Ce n'est donc pas étonnant qu'un décalage brutal d'une heure perturbe notre métabolisme. Cela fait partie du microfascisme qui s'installe de façon rampante. Voyez aussi les barres de béton sur les routes,(aussi appelés gendarmes couchés), qui cassent les amortisseurs des voitures et écrasent nos disques intervertébraux. Placées là, soi-disant pour punir les irrespectueux du règlement, elles punissent aussi, à titre préventif, l'innocent car il est bien connu qu'il est un délinquant potentiel (*). En effet, pour qu'un citoyen soit bien assoupli, il faut le secouer tous les jours. Voyez les vigiles dans les magasins dont la mission est de faire respecter un règlement qui n'est affiché nulle part, les prélèvements automatiques, l'escroquerie journalière que pratiquent les banques, le jugement par une machine en cas d'infraction, les machines à voter où l'urne transparente est remplacée par une "boite noire". Et nous n'avons sûrement encore pas tout vu. Après avoir durement peiné un demi-siècle et plus pour améliorer notre bien-être et celui de notre descendance, des êtres malfaisants sont en train de nous pourrir la vie et l'avenir de nos enfants. Et les plus sots d'entre-nous les ont placés là où ils sont ! (*) «Punissez-les tous, les coupables se reconnaîtront !» Principe dit d'Arnaud Amaury. Il n’est pas difficile de faire l’expérience de la violence des portillons automatiques dans les couloirs du métro parisien. Un défaut d’attention, un mouvement décalé, un sac à dos un peu large, un enfant tenu par la main qui n’accepte pas de se presser… et la tenaille de caoutchouc broie les épaules ou frappe les tempes. L’aventure fait sourire les usagers quotidiens du métro : ceux-là ont appris à s’adapter aux machines. Les victimes elles-mêmes n’incriminent que leur propre maladresse. Mais imaginons un instant que ces portillons soient remplacés par des vigiles chargés de distribuer des claques ou des coups aux clients ne circulant pas à la bonne vitesse : ce serait scandaleux, insupportable. Nous l’acceptons pourtant de la part des machines, car nous savons qu’elles ne pensent pas. Nous estimons, en conséquence, qu’elles ne sont animées d’aucune mauvaise intention. Erreur : si les automates n’ont pas conscience de leurs actes, ils obéissent toujours à un programme, produit d’un réglage intentionnel. Jean-Noël Lafargue, Machines hostiles, Le Monde Diplomatique, juillet 2011 (citation : ce pargraphe) Autrefois il fallait une décision judiciaire pour obtenir l'autorisation d'installer un dispositif permettant d'écouter la ligne téléphonique d'un suspect. Maintenant que les communications se font par par voie hertzienne, on peut vous écouter tout naturellement de n'importe où, à tout moment, "dans un fauteuil", comme si vous passiez à la radio. Si vous vous aventurez à découvert en milieu urbain, sur autoroute ou encore dans un supermarché, vous êtes videographié (on, disait autrefois filmé). Sachez que votre présence, (voire votre absence ?), à un endroit donné et à une heure donnée, peut être retenue contre vous. Une allure plus rapide, ou plus lente, que la moyenne peut vous faire considérer comme "déviant" et attirer sur vous de graves soupçons. Dans notre société post civilisée qui a réussi à se doter de dizaines de milliers de lois, il est bien évident que tout ce qui n'est pas expressément autorisé est interdit. Comme on n'est jamais sûr ne n'enfreindre aucune loi, l'inscurité est donc omniprésente, en tout temps et en tout lieu. Tentative de survie
Partant de ces constatations, comment survivre dans un monde dominé par cette forme pernicieuse de barbarie ? Peut-on oser quelques conseils ? Ne stationnez pas ailleurs qu'à un arrêt de bus, ne courrez pas alors que la foule marche, ne soyez pas vêtu de rouge si la foule est grise, ne gesticulez pas si la foule est calme, ne criez pas si la foule est silencieuse, n'allez pas nu si la foule est vêtue et inversement et réciproquement. Ne refusez pas de manger des OGMOrganismes -- rleb, Avril 2008 La grande pandémie : l'identité nationaleLa maladie apparait en Ouzbékistan vers 1991, devenu président de l'état indépendant, M. Islam Karimov étouffe la liberté de la presse, interdit les deux partis d'opposition et contraint leurs dirigeants à l'exil en 1993. Il recherche à assoir sa légitimité par la promotion de l'identité nationale Ouzbèke, au détriment des Tadjiks, Kazakhs, Kirghizes, Russes, Ukrainiens, Tatars, Coréens, Allemands... lesquels constituent 20% de la population. Depuis 2003, les écoles consacrent une journée par semaine à la "spiritualité nationale". Le culte de l'identité nationale va jusqu'à se confondre avec celui de l'État et du président. En décembre 1994 elle frappe la Côte d'Ivoire avec la promulgation d'un nouveau code électoral, lequel comporte deux mesures discriminatoires. La première supprime le droit de vote d'une partie de la population, l'autre refuse la candidature à l'élection présidentielle à toute personne qui saurait prouver son "ivoirité" sur plusieurs générations. Aujourd'hui, en 2010, ce pays jadis paisible et prospère vit une désagrégation sociale et un marasme auquels on ne voit pas d'issue. L'élection présidentielle est sans cesse reportée. La France allait-elle échapper à la pandémie ? Que nenni. Fin 2009 le gouvernement lance une campagne sur le thème de l'identité nationale. Cette campagne a déjà fait des ravages et malgré les protestations des partis d'opposition et de l'élite intellectuelle, elle va poursuivre son action délétère durant les mois, voire les années à venir. Le ver est dans le fruit. La grippe porcine a été vaincue, pratiquement sans combat, mais on ne dispose malheureusement toujours pas de vaccin contre l'identité nationale. Brimer sélectivement certains groupes de population est une des méthodes privilégiées par les pseudo-démocraties afin diviser pour mieux régner. -- rleb, février 2010 Citations
On naît pédophile, et c'est d'ailleurs un problème
que nous ne sachions soigner cette pathologie.
(Il faut) lutter contre l'accoutumance à la dégradation de l'humain.
Le souverain par une sage police accoutume le peuple à l'ordre et à l'obéissance.
La généralité carcérale, en jouant dans toute l'épaisseur du corps social et en mêlant sans cesse l'art de rectifier au droit de punir, abaisse le niveau à partir duquel il devient naturel et acceptable d'êre puni.
Les moutons du moins ne votent pas pour le boucher qui les tuera et pour le bourgeois qui les mangera. Plus bête que les bêtes, plus moutonnier que le mouton, l'électeur nomme son boucher et choisit son bourgeois.
Faire peur, obliger les uns à accepter l'inacceptable et les autres à cesser d'y faire obstacle. Isoler les cibles des politiques sécuritaires de tout soutien professionnel ou associatif, contraindre au silence et au repli sur soi des citoyens solidaires pour en faire des individus surveillés et dociles. C'est le projet que nous affrontons. -- Jean-Pierre Dubois, président de la Ligue des droits de l'homme, Siné Hebdo, 8 Juillet 2009 |
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Sur le web: Le Monde Diplomatique, Onfray, 2004 Le Monde Diplomatique, Mongin, 2008 Le principe de la grenouille
Michel Foucault, Surveiller et punir, Editions Gallimard, Paris 1975, Réédité en 2007, François-Bernard Huyghe, Les Écoutes téléphoniques, PUF, ISBN: 978-2-13-057951-9 |
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File: microf.html, 2009-03-19 - Robert L.E. Billon - Last update: 2016-09-11 |