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La société de consommation
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Consommez !
Vers 1960 les artistes hyperréalistes commencent à caricaturer la société de consommation et son symbole l'obésité corporelle, synonyme de vacuité intellectuelle.
Ci-contre : La femme au chariot, oeuvre de Duane Hanson, 1969, Musée d'Aix-la-Chapelle.
Je dépense donc je suis.
-- Frédéric Beigbeder, écrivain contemporain.
Une foule en liesse se rua sur les Caddie™, s'engoufra au pas de course dans les lieux où l'argent durement gagné s'échange contre des conneries qui rendent obése, signe indubitable que le moral des ménages est au beau fixe, c'est là l'étalon moral universellement admis par les spécialistes.
-- Cavanna, Charlie Hebdo, Mercredi 17 Août 2005
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[...] les horizons fades de cette civilisation dégénérée
et déliquescente qui végète dans ses déchets inutiles.
-- Grisélidis Réal
Consommez ! Consommez ! Il en restera toujours quelque chose.
Des déchets.
Et surtout, n'oubliez pas que tout article inutile est forcément indispensable.
-- rleb, Mars 2006
Une pratique courante de la part des vendeurs consiste à racheter de vieux appareils (de l'année dernière ?) pour en faire acheter de nouveaux. Chacun peut ainsi disposer d'un téléphone dans chaque poche, d'un téléviseur dans chaque chambre, d'un ordinateur portable (laptop) sur chaque genou.
-- Adapté de Cédric Gossart, dans Le Monnde Diplomatique de juillet 2010.
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Valets de la société néolibérale.
Désormais, la technique siffle et l'homme obéit. La pub frappe dans ses mains et il achète des téléphones portables avec Internet incorporé. Il est toujours bardé d'objets qu'il met des années à domestiquer ; mais à peine est-il sur le point d'en apprivoiser un, qu'un autre surgit, annéantissant ses efforts. Et le voici tournant sans fin dans des embouteillages, pauvre valet courant vers ce téléphone qui le sonne, comme autrefois le maître sonnait ses domestiques.
-- Jacques Ellul, (Bordeaux 1912 - id. 1994), sociologue, cité par Bernard Maris dans son Antimanuel d'Economie 2, Editions Bréal 2006, ISBN 9782749506296
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La fausse liberté de consommation
Encore une fois on ne peut qu'être d'accord avec Galbraith ( et d'autres) pour admettre que la liberté et la souveraineté du consommateur ne sont que mystification. Cette mystique bien entretenue (et en tout premier lieu par les économistes) de la satisfaction et du choix individuels, où vient culminer toute une civilisation de la "liberté", est l'idéologie même su système industriel, en justifie l'arbitraire et toutes les nuisances collectives : crasse, pollution, déculturation - en fait le consommateur est souverain dans une jungle de laideur, où on lui a imposé la liberté de choix. La filière inversée (c'est à dire le système de la consommation) complète ainsi idéologiquement, et vient relayer, le système électoral. Le drugstore et l'isoloir, lieux géométriques de la liberté individuelle, sont aussi les deux mamelles du système. [...]
-- Jean Baudrillard, cité par Bernard Maris dans son Antimanuel d'Économie, Editions Bréal 2003, ISBN 9782749500782
-- Illustration ci-contre (ou peut être ci-dessus), d'aprè Le Canard Enchaîné, Mercredi 2 Avril 2008
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Un monde de cendres
[...] Après moi le déluge : comment ne pas voir que ces générations qui ont saccagé le monde, ruiné les paysages, vidé les mers, détruit les forêts, transformé les campagnes en terrains de super-marchés ou en semi-bidonvilles, liquidé les dernières bêtes sauvages, généralisé la laideur, empoisonné l'air et l'eau et bétonné et bitumé tout ce qui peut l'ĂȘtre, n'ont agi que par détestation des jeunes ou, pire, par indifférence à leur égard ? Tous ces gens qui ont cinquante ans aujourd'hui et nous gouvernent disparaîtront dans un demi-siècle après avoir brûlé la Terre et laisseront à leurs enfants "adorés" et "choyés" un monde de cendres.
-- Bernard Maris, Toulouse 1946, économiste, écrivain et journaliste, Espérance et désespérance de vie, dans Charlie Hebdo, 17 février 2010
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Hommage à nos contemporains
Nous sommes tous prêts à reconnaître le courage de nos lointains ancêtres qui n'hésitaient pas, pour assurer leur subsistance et celle de leur progéniture, à affronter les pires dangers au cours de chasses périlleuses. Abattre le bison ou le mamouth était un exploit avec les armes de l'époque, puis le dépecer avec des outils en pierre, une performance dont biens des professionnels seraient aujourd'hui incapables. Encore fallait-il éviter l'ours aux grandes mâchoires et ne pas réveiller au passage le lion aux dents de sabre.
N'en déduisons pas pour autant hativement que nos contemporains ont démérité ou bien seraient moins vaillants que ceux qui les ont précédé. En effet, au cours des dernières décenies, après s'être épuisés à suivre le boeuf (oui, certains s'en souviennent encore), ils ont affronté courageusement des monstres non moins impressionnants et dangereux : veau aux hormones, boeuf aux anabolisants, importations massives de viandes douteuses, poulet aux antibiotiques, vache folle et maintenant le thon à l'astaxianthine et la grippe aviaire. Continuer à manger de la viande n'est-il pas une preuve de ténacité et un exploit méritoire ? Et cela malgré la peur qu'on leur distille tous les soirs dans l'étrange machine à décerveler !
-- rleb, Mars 2006
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Gastronomie hospitalière
[...] les odeurs fades du repas de l'hôpital. Les endives baignent dans l'eau verdâtre de leur cuisson, la purée se recouvre d'une croûte jaunasse, les pâtes collent et forment un noeud gluant, le jambon brille d'une pellicule grasse, collante, la viande procède plus du cadavre de porc ou de boeuf sur lequel elle a été prélevée que d'une cuisine digne de ce nom. Un jus d'orange tiède accompagne l'ensemble. Le dessert tremblotte, gélifié, ...
-- Michel Onfray, Fééries anatomiques, Editions Grasset et Fasquelle, 2003
Eh oui. Tout d'abord on se dit "Mais c'est de la m...."
Et puis... quand on y a goûté... Eh bien on se prend finalement à regretter que ce n'en fût pas !
-- rleb, Mars 2006 (inspiré par Jacques Bodoin dans La panse de brebis farcie)
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Poésie matinale
Spectable habituel vu de ma petite fenêtre : le passage des éboueurs qui, tels Ben-Hur sur son char, chevauchent le camion-benne rempli d'immondices. Il y a de tout là-dedans : des vieilles boîtes vides de conserves, des bouteilles cassées, de la moutarde rance, des fleurs pourries, des chapeaux crevés, des sandwiches tout rances. C'est alors que je me rendort en pensant qu'en ville, le petit matin manque de poésie.
-- Cité dans French concon, Robert Lassus, RTL Edition
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Bibliographie
Le Guide de l'anti-malbouffe, Christophe Placé, Editions Grancher, 2003
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File: conso.html, 2006-08-01 - Robert L.E. Billon - Last update: 2010-11-25
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