La cooptation d'un nouveau pape se fait au cours d'un conclave. Il s'agit d'une désignation par un simulacre d'élection dans lequel les grands électeurs sont des cardinaux, qui n'ont eux-mêmes pas été élus mais nomminés par le pape défunt.
Pendant la durée d'un conclave, un suspense insoutenable agite fébrilement les médias serviles. L'élu sera-t-il connu aujourd'hui ? Ou bien demain ? Y aura-t-il ballotage ? Faudra-t-il recompter les bulletins comme pour l'élection d'un président des Etats-Unis, comme on recompte les morts après une guerre mondiale afin de pouvoir désigner un vainqueur ?
"Le rite le plus connu, le plus singulier, et pour tout dire le plus désuet de tout conclave appelé à nommer un nouveau pape : la fumée s'échappant de la modeste cheminée de la Chapelle Sixtine." (belle phrase, n'est-il pas, reprise de libre.be).
Après chaque scrutin, on y brûle dans un poêle les bulletins de vote des cardinaux. Si le vote n'a pas abouti (majorité des deux tiers et jusqu'à 14 jours de vote et 34 scrutins), on ajoute de la paille humide (extraite des cachots du Vatican ?) pour noircir la fumée. Si l'issue est positive, on ne fait brûler que le papier, donnant une fumée blanche.
Il s'agit là de symboles.
Le papier brûlé rappelle, bien sûr, la destruction de la bibliothèque d'Alexandrie ainsi que, au cours des siècles suivants, les autodafés de livres de sciences et de philosophie ainsi que tous documents susceptibles de répandre les découvertes des savants et faire avancer les connaissances.
La paille servait traditionnellement, durant les siècles ou règna la terreur de l'inquisition, à allumer les bûchers. Bûchers sur lesquels périrent des centaines de milliers d' "hérétiques" , cathares, albigeois, vaudois. Bûchers pour les "blasphémateurs" , tel Giordano Bruno, lequel osait parler de ses découvertes fondamentales en astronomie. Bûchers enfin pour les soi-disant sorcières, une persécution et élimination systématique des femmes qui dura deux siècles. Pour les oligarques chrétiens, le feu a la propriété de tout purifier. Les nazis, avec leurs fours crématoires, n'ont rien inventé.
Ainsi la tradition est respectée. Au Vatican on ne regrette rien, si ce n'est de ne
plus pouvoir se livrer aussi facilement qu'autrefois à ces pratiques barbares. Il reste
le symbole, la petite fumée, pour bien montrer que l'état d'esprit n'a pas changé et que,
quel que soit le pape qui sortira couronné du conclave on peut être certain qu'il sera
porteur de la même arrogance que ses tragiques prédécesseurs est sera
fidèle aux principes qu'ils ont appliqués depuis deux millénaires.
Dès le résultat du vote connu, on pourra entonner :
Voilà un nouveau pape ! Ah ! le triste évènement,
Nous ne nous réjouissons pas de ton avènement.
Et nous te verrions retourner avec plaisir,
Aux ténèbres d'où tu n'aurais jamais dû sortir.
-- rleb , Avril 2005
|