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Premier Mai... traditionnelle fête du travail. Ce fameux travail des classes laborieuses qui, depuis des siècles, a apporté fortune, gloire, bien-être et confort a des générations de patrons, de banquiers, d'hommes politiques, de cardinaux, d'archevêques... Voici quelques pensées à méditer pour vous aider à fêter dignement ce 1er Mai.
Mais, tout d'abord, d'où nous est venue cette calamité qu'est le travail salarié ? L'USINE
La forge fait son bruit, pleine de spectres noirs. -- Sully Prudhomme (1839-1907) LE BUREAULes papas, quand çà rentre le soir du bureau, c'est très fatigué, très très. Ça a à peine la force de pousser la porte et ça se laisse tomber dans le vieux fauteuil en gémissant. Le bureau est une chose terrible, qui fait gonfler les pieds des papas. Il faut leur apporter vite les pantoufles et leur ôter les souliers bien doucement, et alors quand les souliers sont ôtés, les papas font "Ah..." et ils remuent les doigts de pied, on voit que çà leur fait du bien, il faut attendre que les pieds dégonflent avant de leur enfiler les pantoufles. -- Cavanna, Maman au secours, Presses de la Cité, ISBN 9782258032934 CITATIONS ET PENSÉES
Quel profit pour l'homme dans toute sa peine
L'humanité se divise en deux grandes catégories : Quand on ne travaillera plus les lendemains des jours de repos, la fatigue sera vaincue. -- Alphonse Allais
Le monde appartient à ceux
dont les ouvriers se lèvent tôt.
Le travail c'est bon pour ceux qui n'ont rien à faire.
Le travail est bien une maladie. La preuve
c'est qu'il existe une médecine du travail
Le travail est aussi une prison puisque quand vient
Pour gagner sa vie, il suffit de travailler...
Trop de repos n'a jamais nuit.
Le travail use, quelques fois il tue...
Le travail est une mine d'or.
L'homme n'est pas fait pour travailler.
Nombreux sont ceux qui font des photos de vacances...
Quand les gens ont voulu moins de roi, ils ne l'ont pas supprimé
ils l'ont simplement raccourci. C'est ce qu'a fait Martine Aubry
pour le travail avec la loi sur les 35 heures.
Le capital est du travail accumulé. Seulement, comme on ne peut pas tout faire,
ce sont les uns qui travaillent et les autres qui accumulent.
Il faut travailler dur pour pouvoir se payer les nombreux
N'oublies pas, mon fils, que nous
sommes sur terre pour travailler.
Sauter, danser, faire des tours, UNE IDÉE À CREUSER
La retraite devrait pouvoir se prendre à titre préventif, ceci afin d'éviter
que ceux qui décèdent d'accident du travail en soient injustement privés.
Les accidents de retraite étant rares, nous entrerions alors dans le
monde du travail frais et dispos après une bonne retraite.
De plus, la maturité nous ayant acquis une certaine sagesse,
nous saurions user du travail avec modération. À PROPOS DE RETRAITE
Les travailleurs intermittents auront-ils droit
à une retraite intermittente ? Les travailleurs
de force à une retraite forcée ? Les travailleurs
précaires à une retraite précaire ? Les travailleurs
saisonniers à une retraite saisonnière ? Quoi qu'il en soit, prenez votre retraite de votre vivant. -- rleb, Février 2008 TRAVAIL, SURVIE, REPRODUCTIONLe travail, dans le meilleur des cas, prend le tiers de la vie, autant que le sommeil. Il est une des deux poutres maitresses de la vie, avec la sexualité. Ce sont les deux domaines sur lesquels la Loi, de tout temps, s'est exercée en premier. L'activité qui préside à la survie et celle qui préside à la reproduction ont d'abord été sévèrement encadrées par les prêtres, avant de l'être par les législateurs. -- Philippe Val, (Charlie Hebdo, Mercredi 25 juillet 2007) |
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LES BOURREAUX SONT LES MÊMESL'organisation internationale du travail (OIT), estime que les accidents du travail et les maladies professionnelles font plus de 2.2 millons de morts dans le monde par an. Il paraît que c'est plus que le nombre de victimes des guerres. Mais faut-il faire un distinguo entre victimes de guerre et victimes du travail en sachant que les bourreaux sont les mêmes ? -- Charb (Charlie Hebdo, Mercredi 5 mai 2004) Un mort toutes les quinze secondes... Selon une étude de l'OIT : "Le travail blesse, mutile, rend malade et, encore trop souvent, tue. Pas par fatalité, mais par négligence. Pas à cause de l'absence de normes, mais à cause de leur violation. Pas à cause de la pauvreté, mais à cause du manque de prévention." L'OIT dénonce : "...des employeurs peu scrupuleux qui rechignent à consacrer des ressources à la sécurité au nom du profit... des gouvernements qui n'accordent que trop peu de moyens à leurs inspecteurs du travail." -- Gérard Biard (Charlie Hebdo, Mercredi 5 mai 2004) La sécurité va-t-elle en s'améliorant ?
Rien n'est moins sûr : --Gérard Filoche, (Siné Hebdo, Mercredi 12 Août 200) Plus de travail égale moins de retraite Le Dr Jean-Michel Bénazéraf, urgentiste à l'hôpital de Saint-Denis, explique : "Considérer l'absentéisme comme une démission du personnel, c'est faire erreur. Il s'agit du symptôme d'une véritable souffrance." C'est peut-être qu'ils souffrent (encore) plus que les autres. Un quart des infirmières et 40% des aides-soignantes partent à la retraite en état d'invalidité. -- Renault Lambert, Le Monde Diuplomatique, novembre 2010 |
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LA CONDITION DU SALARIÉ"...comme des hamsters, enfermés dans une cage, et condamnés à faire tourner notre roue toujours plus vite, plus longtemps et pour moins cher." -- Dans FAKIR N°49, février/mars 2011 LE KAROSHILe karoshi, littéralement mort par surtravail désigne la mort subite de cadres ou d'employés de bureau par arrêt cardiaque suite à une charge de travail ou à un stress trop important. Le karoshi est reconnu comme une maladie professionnelle au Japon depuis les années 1970. TRISTE CONSTATATION"Une étrange folie possède les classes ouvrières des nations où règne la civilisation capitaliste. Cette folie traîne à sa suite des misères individuelles et sociales qui, depuis deux siècles, torturent la triste humanité. Cette folie est l'amour du travail, la passion moribonde du travail, poussée jusqu'à l'épuisement des forces vitales de l'individu et de sa progéniture..."
-- Paul Lafargue (1842 - 1911)
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BRELOQUES ET FIORITURES"Ce n'est pas tout de ne pas avoir la médaille du travail, encore faut-il ne pas l'avoir méritée." -- rleb ... Calicots, médailles, palmes et rosettes, croix et rubans ne sauraient contenter que les enfants ou des gens dont l'esprit est resté puéril. Il est vrai que les cérémonies de remises de distinction impliquent une outrageuse infantilisation qu'une savante dramatisation complète, avant le panégyrique de circonstance destiné à arracher quelques larmes. Et ça marche. Pour remercier le travailleur, l'ancienne parturiente et le militaire, on ressasse depuis toujours les mêmes discours devenus exercices de style à l'usage des fourbes, à destination des sots. Du banquet commémoratif à la pierre tombale, de la gerbe de fleurs à la couronne mortuaire, il n'y a qu'un pas. Ils ont fait leur devoir... ... Or le travail est actuellement l'instance qui permet à l'esclavage de durer sous des formes modernes et aménagées. Elles ont de surcroit l'heur de plaire comme telles et d'être globalement acceptées - avec parfois même une certaine jouissance, c'est le comble. Les étymologies ne sont jamais innocentes. Celle du mot "travail" rappelle la proximié de l'activité laborieuse avec l'usage du tripalium, un instrument de torture à trois pieux. On imagine l'usage de pareil objet. Dans les lois de Guillaume le conquérant - qui datent de la fin du XIe siècle - travailler, c'est souffrir, tourmenter, littéralement torturer avec le tripalium... ... Les Grecs ne s'y étaient pas trompés et réservaient le travail aux esclaves et à toutes les catégories exclues de la citoyenneté...
-- Michel Onfray (Philosophe contemporain) |
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SURVIVANCE DE L'ESCLAVAGELe Parti Radical, principal parti de gouvernement de la IIIème République, avait inscrit à son programme électoral lors du congrès de Marseille en 1922, l' «Abolition du salariat, survivance de l'esclavage» . -- Le Monde Diplomatique Mars 2006 Ce n'est pas à la perfection de l'outillage, c'est au bien-être de l'ouvrier qu'il convient de mesurer le degré de la civilisation. L'homme est, dit-on, l'artisan de son propre bonheur. Encore faut-il que la société lui laisse le loisir d'y travailler, qu'elle ne l'abrutisse pas sous un tâche au-dessus de ses forces, qu'elle crée autour de lui une athmosphère de solidarité et de justice, où se développent les bons sentiments, où s'attrophient les autres.
-- Alexandre Millerand (Paris 1859 - Versailles 1943) |
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Les rapports entre les patrons et les prolétaires ont toujours été empreints de franche cordialité et de beaucoup de tendresse humaine. Voici ce qu'écrivait, à propos de ses ouvriers, le sieur Olivier de Serres, entrepreneur agricole au Pradel en Vivarais (Ardèche), en l'an de grâce 1598. «... ne douteras de venir très bien à bout de ses dessins, bien que pour les mettre en exécution, il soit contraint de se servir ...des hommes de nul prix, dont les corps sont de fer, et de plomb les esprits.» «Mais puisque la nécessité nous contraint de nous servir de telle sorte de gens, nous en choisirons des moins vicieux pour nos affaires et buvant ce calice, dirons avec le commun, "Qu'avec putains et et larrons Convient faire nos moissons."...» Ainsi que son conseil devenu célèbre et largement mis en pratique par ses successeurs : «Du salaire des serviteurs, ne se peut dire autre chose, que de tascher à le rendre le plus petit qu'on pourra...»Ces citations proviennent de : LE THEATRE D'AGRICULTURE, par Olivier de Serres, © Editions Histoire de l'Art, Paris, 1941 Elles sont reprises aussi dans HISTOIRE DU LANGUEDOC, Edouard Privat, Editeur à Toulouse, 1967 |
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TRAVAIL, FAMILLE, PATRIEEnfin, quand des gouvernements fascistes, s'avisèrent d'associer le travail à la famille et à la patrie, les conséquences en fûrent des plus funestes : travail chez l'occupant pour se substituer à la main d'oeuvre autochtone mobilisée dans une armée pléthorique, familles disloquées et pour, finalement, voir surgir d'immenses cimetières sur le sol de la patrie. L'illustration ci-contre : auteur inconnu |
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« LE TRAVAIL VOUS REND LIBRE»L'entrée du camp de concentration d'Auschwitz (auteur inconnu) Cette expression est empruntée à Hegel, dans Philosophie du droit. De nos jours, en France, on dit «Travailler plus pour gagner plus». |
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MOTS CLÉSFormation, Progrès, Réussite, Productivité, Concurrence, Carrière, Compétitivité, Stress, Dépression, Retraite, Enterrement.
Tout un programme... ou l'art de passer sa vie à courrir après son ombre. |
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Parmi les diverses possibilités qui s'offrent à eux : délinquance, usine, couvent, maison de tolérance, prison, galères, mendicité... beaucoup de citoyens choisissent l'usine, c'est à dire le salariat, cette position sociale à mi-chemin de l'esclavage et de la prostitution. |
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LA VIE COMMENCE OÙ LE TRAVAIL S'ARRÊTEMais les gens qui nous gouvernent ne peuvent imaginer autre chose que la "croissance", la hausse de la productivité, les gains du pouvoir d'achat et l'allongement de la durée du travail, autrement dit l'allongement de la désespérance de vie. Pourquoi faire travailler les gens plus longtemps si ce n'est pour donner aux hommes toujours plus de production et de "croissance" ? Or le travail de la production, de la division du travail, du surtravail et de l'exploitation est ignoble. La vie commence où le travail s'arrête. -- Bernard Maris, Toulouse 1946, économiste, écrivain et journaliste, Espérance et désespérance de vie, dans Charlie Hebdo, 17 février 2010 |
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Les réformes introduites par les gouvernements néo-libéraux ont pour but de raccourcir l'intervalle entre retraite et fin de vie considéré comme coûteux et insuffisament générateur de profit. |
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Bibliographie Travailler peut nuire gravement à votre santé, Annie Thébaud-Mony, Ed. La Découverte, ISBN 978-2-7071-4847-6, www.editionsladecouverte.fr |
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File: travail.html, 2004-03-04 - Robert L.E. Billon - Last update: 2011-02-18 |